Vous venez de découvrir ces images d'instants extraordinaires, de rencontres étranges, de pénétrer dans des contrées sauvages, de deviner ces bonheurs vécus et partagés avec de lointaines ethnies, au coeur d'une nature vierge et profonde. Avez-vous fait un beau voyage, viendriez-vous avec nous un jour ? N'êtes vous pas tenté(e) à faire votre sac et prendre un avion ? Devenir ces fous de voyages, grisés d'images, d'émerveillement et de liberté. Merci d'être passés, merci de revenir, merci d'écrire si l'envie vous vient (clics sur "commentaires" petit rond "Anonyme", "publier").
27/01/2008
IRIAN JAYA - juin 2007
La cérémonie du cochon se termine. Chaque membre du village a eu sa part de nourriture, le morceau qui lui revient suivant des rites immuables. Les chants, les danses, les rires vont bientôt se fondre dans le silence. L’instant de l’émerveillement effacé, la joie de l’enfant a fait place à un chagrin fugace.
Insouciante et curieuse, elle se promenait dans le village où régnait la fête. Réflexe de l’enfance qui porte à sa bouche. Elle portait à ravir cette coiffe qui se mélangeait avec bonheur aux plumes légères comme du duvet. Des doigts noueux mais habiles avaient crocheté ce filet traditionnel à la taille de la fillette.
IRIAN JAYA - juin 2007
Il était venu vers moi avec gravité, j’en fus troublée. Au plus beau de la grâce de son adolescence, il semblait promener un regard, qu’il avait pénétrant, sur l’invisible. Etait-il le gardien d’une sagesse qui ne sied pourtant qu’aux anciens ? Sur son visage, dans une mystérieuse sérénité, se mariaient la délicatesse et la beauté. A travers lui je pouvais croire que le jour était éblouissant et que de ses lèvres, parfaitement modelées, ne pouvait s’échapper qu’un message aussi paisible que les eaux d’un lac. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Dans le village, à l’heure des cérémonies guerrières et du festin qui suivrait, les parures étaient de plumes. Collerette d’oiseaux soulevée par le souffle léger d’une brise tiède, corolle soyeuse pour une nuque où se glissaient quelques boucles en rangs serrés. Il était assis avec les siens autour de la dépouille de l’animal, il était fils de chef et je venais de le rencontrer. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Quelle étrange sensation d’avoir été invitée dans la longue maison où vivaient les femmes. Les ouvertures étaient très étroites et je dus me courber pour pénétrer à l’intérieur. Il fallut quelques instants pour que ma vue s’habitue à la pénombre, juste trouée par la poussée du soleil qui s’infiltrait à travers l’ouverture de la porte. Confiance et curiosité nous animaient bien sûr de part et d’autre. Le mari de l’une d’elles m’avait suivie, s’était assis près de moi. A nous voir ainsi réunis l'on pouvait croire que nous parlions le même langage. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Natalys avec ce savoir-faire, ce grand art qu’il tenait de ses ancêtres, s’était emparé d’un morceau de bois, d’un bout de liane et d’un peu de paille. Il avait posé son pied nu pour maintenir l’ensemble au sol et d’un mouvement de va et vient de la liane avait invité le feu à les unir. Doucement de timides flammes avaient tressailli à son habile sollicitation. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Les hommes du village s’étaient parés pour un simulacre de guerre entre deux clans. Les joutes guerrières se déroulaient dans une vaste plaine où le chef avait conduit ses guerriers qui lançaient des cris à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Ils s’affrontèrent comme sans doute le firent leurs pères, il y a tout juste une trentaine d’années. Le frisson de peur n’était pas loin qui enflamma sans peine notre imagination.
© M. Charré
© M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Le guerrier avait oublié les joutes belliqueuses et n’avait conservé que cette magnifique cravate de perles, le bandeau qui lui ceignait le front et la collerette de plumes. Ils parlaient avec ses parents, ses amis, mais nous ne saurions jamais ce qu’ils se dirent. Un chien dormait paisiblement et sans doute ses narines frémirent d’appétissantes odeurs, de fumets délicieux. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
C’était comme une minuscule et fragile forteresse. Le groupe des enfants a franchi la porte basse tout en bois, couronnée d’un auvent de paille sèche. Ils gagneraient la rivière, puis la jungle. Dans la chaleur du brasier où grillait l’animal, la fumée faisait frémir l’air en un voile de brume odorante. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Mes yeux ont essayé, sans y parvenir, de comprendre le nœud qui retenait leurs jupes, au-dessus de la cuisse, persuadée qu’elles finiraient par glisser. Ce nœud était tressé avec art et sans doute quelque couturier de renom aimerait en connaître le secret. © M. Charré
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Au village d'Anemoigi,
le jour du cochon
IRIAN JAYA - juin 2007
Une odeur âcre pétrissait l’atmosphère. Les filets que les femmes portaient, posés sur leurs fronts, dessinaient en leur attitude une élégante courbure au-dessus du rideau de fumée. Elle s'échappait d'un nid de verdure dont, seules les femmes connaissaient l'exact mystère qui le composait. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Même de dos nous l’aurions "toutes" et tous reconnu. Nous avions peiné une semaine durant à travers la jungle de Papouasie, aidés par nos porteurs. Natalys étaient des leurs. Il était joyeux, c’était un merveilleux compagnon de trek. Il avait retrouvé son village, sa femme et ses enfants. En cet instant, il activait le feu investi d'une mission qu'il prenait au sérieux. Plus tard, la cuisson terminée, les brochettes seraient déposées sur une longue feuille de bananier, accompagnées d’une sauce épicée. Patates douces, ananas, viendraient compléter ce repas de fête. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Les femmes du village s’étaient portées vers moi sans que je n’y prenne garde. Après m’avoir débarrassée de mon sac à dos, à mon immense surprise, l’une d’elles avait passé sa tête entre mes jambes et m’avait soulevée, aidée par deux de ses compagnes. Puis elles avaient entamé chant et danse, une ronde où je fus, mais oui, « portée en triomphe». Lorsqu’elles me reposèrent à terre, le chef vint me féliciter, il prit ma main qu’il serra fort ma foi. © M. Charré
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Au village d'Anemoigi,
le jour du cochon
IRIAN JAYA - juin 2007
IRIAN JAYA - juin 2007
Dans ce village où nous avions été accueillis en amis, les femmes continuaient à m’entourer. Se comprendre seulement par les gestes, le toucher, les sourires, par une joie partagée, une complicité éphémère mais puissante. Elle revêtait en ce village, reculé au fond de la jungle, une magie qui m’emportait, qui me soustrayait même à mes compagnons de voyage. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Le visage du chef arborait les peintures de guerre et je me suis demandée s’il n’était pas le siège de palpitations secrètes qui se seraient réveillées. Son âge pouvait permettre de penser qu’en d’autres temps ces affrontements tribaux, dont nous venions d’être témoins, se terminaient en de longues plaintes sur des champs de bataille enfouis dans une jungle impénétrable. © M. Charré
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Au village d'Anemoigi,
le jour du cochon
IRIAN JAYA - juin 2007
Nous étions au dernier jour du trek. Nous quitterions nos porteurs en début d’après-midi. Au départ de Hitugi était une immense avenue herbeuse qui serpentait en surplomb de la magnifique vallée où vivaient les Yali. Nos papous nous ont laissé partir devant et je n’oublierai jamais leurs chants, ces voix qui me faisaient frémir. Lorsque le dernier pont suspendu se présenta, nous l’avons franchi sans hâte, un peu pour retarder cet instant de l’adieu. Une dernière fois, nos mains cherchèrent celles de nos porteurs, ou était-ce l’inverse ? © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Il s’appelait Patrice et en confidence, il y avait bien longtemps que l’on n’avait veillé ainsi sur moi, me devançant, me précédant, cherchant l’endroit le plus sur où je puisse poser le pied. J’observais ses gestes, je respectais son silence. Il ne me parlait qu’avec les yeux, où se lisait parfois quelque chose de triste et de troublant. Chargé de mes sacs, il veillait sur ma sécurité. Il se frayait un passage et m’invitait à le suivre et je le suivais. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Ce fut le seul jour de pluie et nous sommes conscients que la chance nous avait accompagnés. Mais elle tombait drue et rendait le chemin boueux, glissant. L’air était piquant de fines gouttelettes qui martelaient le sol à l’oblique et ruisselaient sur les capes de pluie, inondaient les visages. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
A la brume montante, au cœur d’une végétation magnifique, un minuscule village près de Hitugi s’était installé sur une plateforme face à la vallée. Les petites huttes s’ouvraient à la nature entourées de branchages et par les cultures en espaliers des patates douces. © M. Charré
S’épanouissaient en grappes les grandes fleurs roses et duveteuses du tabac. Juste quelques plants sans conséquence pour tromper le lent écoulement des jours. © M. Charré
Doucement, notre colonne avait repris son bâton de pèlerin. Nous montions sous l’œil vigilant de nos papous. Le chemin était accidenté. Il longeait des plantations de patates douces, traversait l’épaisse végétation de la jungle, serpentait entre les montagnes recouvertes d'une luxuriante végatation. A chaque halte les mélopées de nos papous me fascinaient. Nous étions à l’autre bout du monde et nous sentions en harmonie avec les hommes, avec la nature. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Les « koteka » proviennent de ces coloquintes plus ou moins effilées. Sous la tonnelle au jour finissant elles se suspendaient comme chauve-souris, têtes à l’envers. © M. Charré
Dans les mains du vieil homme les coloquintes se tordaient en tous sens. Etait-ce de rire, où tentaient-elles de s’échapper, si la main qui les tenait relâchait son emprise ? © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
IRIAN JAYA - juin 2007
Nos yeux piquaient, larmoyaient, lorsque nous sommes ressortis de la hutte enfumée en courbant le dos. Sur le pas de sa porte la femme dani nous a montré sa main en riant de toutes ses dents et surtout de nos têtes. Les phalanges de ses doigts avaient été tranchées. C’est la tradition ici que de se couper une phalange chaque fois qu’un qu’un proche meurt. D’une tape sur l’épaule elle m’a sortie de mon effarement. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Arrivés tôt dans le village, l’après-midi nous appartenait. Libres d’aller à notre guise. Pour certains nous avons emboîté le pas de nos papous. Non loin de Syokosimo, un autre village et dans la dernière hutte une femme nous expliqua la tradition de la cuisson des patates douces. Sous les pierres chaudes les patates cuiraient longuement. Elles avaient été recouvertes de cendres amoncelées dans une grosse toile dont il suffirait de soulever les bords en fin de cuisson, pour les dégager. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Dans le village de Syokosimo nous étions attendus. Femmes et enfants se pressaient autour de nous, proposaient de laver notre linge. Ils l’étendraient ensuite à sécher sur les barrières de bois qui entouraient la prairie où les enfants jouaient au foot. Je me suis arrêtée près d’une femme à la chevelure nattée noir corbeau. Dans un bouillonnement de rouge, la mâchoire était proéminente, le nez imposant et son front se crispait en rides soucieuses. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Il n’y avait aucune once de graisse sur le corps de cet homme dont la poitrine arborait une maigre toison grisonnante. Malgré les années, il était encore étonnamment vigoureux. Le soleil avait buriné ses traits. Trônait sur le sommet de son crâne un petit béret rouge. Il emportait avec lui, posé sur son épaule, un outil dont il avait dû gratter la terre depuis des décennies. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Je sais une petite église perdue au cœur des montagnes de Papouasie. Il fut un temps où des missionnaires partirent en missions insensées et n’en revinrent pas. Mais aujourd’hui, un peu d’éternité fréquentait cette solitude. © M. Charré
Près de l’église de Wusurem, dans laquelle nous logerions pour la nuit, toute une famille nous attendait, sans doute prévenu par l’écho des chants de nos porteurs. En quelques instants ils firent leur petit négoce. Nous étions épuisés mais nous avions faim de fruits frais, bananes, fruits de la passion. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
IRIAN JAYA - juin 2007
Des jours de marche le long de la Sungaï Baliem qui coulait au milieu de fabuleux paysages. Des fumées s’échappaient au-dessus des cultures en terrasse où les Dani cultivaient leur terre en s’accrochant à elle. Ils y faisaient pousser les patates douces, leur principale nourriture. Au soir ils rentreraient dans les honay, leur habitat traditionnel. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Durant les haltes nos porteurs posaient à terre leur chargement. Alors ils se tournaient vers la vallée, là-bas tout en bas. Dani et Lani en un groupe uni mêlaient leurs voix. C’était des chants tribaux, sauvages, des cris à vous glacer les sangs, bras levés, corps en mouvement. Chaque fois que l’écho me revenait un frisson me parcourait. Ils n’étaient plus avec nous, non, ils étaient seuls ensemble. Une façon sans doute de se libérer de leur fatigue. C’était peut-être ça être vivant, traquer des instants qui meurent. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
26/01/2008
IRIAN JAYA - juin 2007
C’était une longue, très longue journée à travers le domaine des papous des montagnes. Je marchais main dans la main avec Patrice, mon porteur, mon garde du corps, m’appliquais à mettre mes pas dans les siens, comme il me le montrait d’un geste sûr, d’un regard qui ne souffrait pas que l’on résiste. La colonne s’étalait de loin en loin. Deux hommes étaient là au bord du chemin. Patrice les connaissait, ils m’offrirent une patate douce, que je dévorais sans me faire prier, en leur compagnie. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Sous ces latitudes, le jour se lève tôt. Nous quittions Wamarek pour gagner dans quelques heures Wesagalep. Nos porteurs après avoir chargé nos sacs sur leurs épaules nous encouragèrent à prendre le sentier. Lorsque plus tard ils nous distribuèrent des bâtons, je me persuadais que ce n’était pas vraiment utile. J’ignorais encore à quel point il me deviendrait nécessaire. Chacun de nos porteurs le taillait à son goût, à sa manière. Chaque soir Patrice, Natalys, Micky, Yanouf et les autres les regroupaient tous ensemble. Ils ne se tromperaient jamais en nous les rendant au matin. © M. Charré
IRIAN JAYA - juin 2007
Le chant d’un coq solitaire a brisé le silence au cœur de la nuit. Nous savions que ce troisième jour de trek serait le plus dur. Nous avions pour mission d’atteindre le pont suspendu avant 9h, pour éviter qu’il ne balance de trop. Que la descente vers la rivière Tangma fut longue, le terrain glissant où nos pas roulaient sur des pierres à angles vifs. © M. Charré
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