06/03/2008

Bientôt Les Splendeurs de Botswana - 2006

Notre truck. Il fut notre maison, notre moyen de transport, notre garde-manger, notre phare, notre belvédère, notre abri, un lieu de réflexions et de rires, une vitrine superbe sur la nature et ses hôtes, notre bar... Une nuit de folie ou de grande soif Lee, notre chauffeur, a englouti toute notre cave, dans le plus grand silence. Au matin, il avait les yeux rouges et brillants, des difficultés d’élocution et riait sans motif. Alors pas question de lui laisser prendre le volant et nos vies en mains. Derrick le consigna sur le siège du passager et prit sa place aux commandes du truck. C'était plus sage.
Au bord des pans Makgadigadi, ces dépressions salines où le sel dessine inlassablement le même dessin, celui d'une formule chimique, celle du sel, enfin c'est ce que l'on dit.
Aux rives de l'Okavengo étaient accostées les Moroko. Pirogues creusées dans un tronc d'arbres qui nous conduiraient sur notre île. Chaque soir, les moroko se tiendraient face à l'horizon, tandis que le soleil mettrait le feu aux eaux calmes des lagons. Spectacle étrange et fascinant, si loin, si loin de tout. Sur notre île, nous partions chaque matin pour une leçon de choses. Ainsi notre guide s'était accroupi près d'un baobab trois fois centenaire. A notre grand étonnement, en quelques tours de mains habiles, il avait confectionné un piège à pintades à l'aide de tiges qu'il faisait rouler sur son genou.

Si cela vous tente, d’autres images, d’autres récits à partager avec vous sur : http://album-photo.geomagazine.fr/ap
Deux blog, deux rendez-vous pour le plaisir de vous inviter différemment au voyage. Mon nom, vous le connaissez déjà, Mamiaorana. D’abord cliquer sur membre, puis à la lettre M et en route…) .A bientôt sur l’un sur l’autre, puisque le voyage est un éternel départ.

04/03/2008

PROVINCE DE BASALICATE - Italie du Sud

Nous avions vécu durant ces quelques jours dans un isolement magnifique, nous avions flâné à l’instinct, nous avions marché du même pas, d’une exquise nonchalance. Nous étions allés de jardins embaumés de chèvrefeuille en patios aux encorbellements de glycine, aux terrasses parées de buissons de roses aux cruelles épines. J’avais appris que « La Pouille est terre merveilleuse » qui se couvre d’amandiers, de pavots rouge sang, de lauriers-roses, de vignes et d’oliviers. Je continuais à découvrir « un autre jardin que celui de mes pères ».

03/03/2008

LES POUILLES - Ce soir de Conversano - 2007

Alors vint ce dernier soir, celui de la secrète attente, celui de Conversano. Nous avons regagné le Corte Altavilla. Plus tard, sur un guéridon, il y eut un gâteau blanc comme neige, semé de copeaux de chocolat. Plus tard encore une flûte à champagne se brisa dans un son cristallin. Auguri prononça Paolo notre chauffeur. Le verre blanc porte chance et cette chance s’était invitée à notre table. Nous étions en cet instant de la nostalgie des choses qui s’achèvent. Devant l'église syrienne de San Catarina, veillaient les lions à la crinière de pierre. Un étrange personnage se porta à notre rencontre, il voulait nous guider vers le cloître de San Benedetto. Il avait une curieuse démarche, son corps posé sur ses deux jambes arquées. Vêtu d’un pantalon rouge et d’une veste sombre, l’homme semblait en lévitation. Devant l’un des murs du cloître, au-dessus des arches, où poussait une végétation sauvage il s’arrêta, tendit un doigt volontaire : « là le cadran solaire ». Puis il pénétra dans un buisson de roses et cueillit l’une d’elles pour chacune d’entre nous. Pour moi ce fut juste un bouton naissant au bout d’une tige qu’il venait de rompre. Nous l’avons quitté au sortir du réfectoire après qu’il eut reçu quelques menue monnaie.

02/03/2008

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

Le temps n'était pas très engageant, pourtant nous voulions encore satisfaire à nos appétits d'histoire, aller à la rencontre de ce bourg médiéval de Conversano, ancienne ville antique de Norba peucetica située dans les terres. Ici le Moyen-âge s’était uni au baroque pour offrir à la cité l'église syrienne de Santa Caterina, le Duomo ou le couvent baroque de San Benedetto. Les tuiles bleu et or étaient rondes, écailles harmonieusement diposées sur le dôme de l'église de Saint Cosma. Les petites ruelles de pierre, paisibles, conduisaient au centre médiéval. Ici avait résidé la puissante famille des Acquaviva d'Aragon. Notre « poglio » était juste située devant la cathédrale romane. Au fond d’une étroite ruelle le Corte Altavilla, dans le centre historique, offrait une façade aux balcons arborés de jardinières de fleurs. Cette ancienne cour médiévale avait été rénovée et gardait encore les reflets aristocratiques du passé.

LES POUILLES - Sud de l'Italie - 2007

La mer avait creusé des grottes qui s’enfonçaient profondément sous les falaises, où la mer était transparente, éblouissante. Les rues couraient jusqu’à la mer, semblaient s’y jeter comme rivières ou torrents. Pour quitter Polignano, nous avons suivi le fronton de mer, visages tournés vers le large. © M.Charré Sur la côte adriatique, l’histoire avait semé cités, villages et bourgs. Face à l’horizon dans l’intime union de la mer et du ciel, perchée sur la crête d'une falaise blanche, Polignano a Mare l’ancienne cité grecque de Néapolis, rappelait Bonifacio, à l’extrême pointe sud de la Corse. © M.Charré
Sous la roche des camaïeux de turquoise frissonnaient sous les embruns. On leur avait donné les noms de grotte des pigeons, grotte des phoques. Pourquoi ? Nul ne le savait. La mémoire de ceux qui avaient vécu en ces temps là avait depuis longtemps disparu. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

Je ne connais pas Venise, mais j’ai imaginé en regardant ce palais fièrement érigé sur le petit port qu’elle pouvait avoir ce visage. Du temps des byzantins et des normands, Monopoli était un village maritime florissant. De ce fait elle fut la cible des pirates sarrasins. Aujourd’hui, je regardais les petites barques qui se balançaient au fil de l’eau, ou s’éloignaient du rivage, je les écoutais grincer doucement dans le vent.
Ses richesses en firent la cible des pirates sarrasins et pour faire face à ses assaillants, protéger femmes, enfants, biens, les hommes de Monopoli construisirent d’imposantes fortifications.
Avides et somptueux, les nuages s'amassaient à l'horizon, embusqués au-dessus de la ville blanche.

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

Au 7 de la via Macchiaveli était le porche de la maison de l’humaniste italien, Niccolo Macchiavelli. On le décrivait un brin cynique, dépourvu de tout sens moral. C’était rendre peu d’hommage à cette grande figure de la Renaissance. Pourtant Machiavel n’avait rien de «machiavélique » Il fut parfois comparé à Rabelais. © M.Charré

Les « cucù » sont des pièces traditionnelles, des sifflets en forme de coq et de poules qui étaient, dans l’antiquité, un symbole de prospérité. Faire sortir une voix de l’argile, les faire siffler, c’était comme insuffler la vie à l’inanimé. Les « cucù » ont des formes les plus variées, car chaque artisan les réalise en y mettant sa touche personnelle. © M.Charré Sur la Plazza del Sedile, non loin de l’église de Saint François d’Assise, je suis entrée chez Gepetto pour y acheter deux « cucù » pour une petite fille, dont les doigts quelques jours plus tard, les effleurèrent sous « haute surveillance ». © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud

Les balcons ouvragés étaient de dentelle de pierre et de fer forgé. Ils révélaient l'audace créatrice des sculpteurs qui en ourlaient précieusement chaque millimètre. © M.Charré
Notre dernière étape fut Galatina. Nous avons mis nos pas dans ceux qui nous avaient précédés et parcouru la ville des palais, aux façades couleurs de pastel. © M.Charré

C’était un ciel d’orage que diffusait une lumière menaçante. Au dessus de l'église de Galatina, n'allait-il pas se déchirer, s'empaler sur les clochers de pierre. Nous avons quitté Galatina avant qu'il ne nous tombe sur la tête. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

Sur la place, la blancheur était presque insoutenable. La température avait atteint les 27°, enfin nous revenaient cette chaleur et ce bleu du ciel rayonnant tant attendus. Sur la Côte Adriatique, sur les pentes escarpées de la Valle delle Memorie, la vallée des mémoires, Otrante était la ville byzantine des Orsini. © M.Charré
Envahie tant de fois en des sièges tragiques, ravagée par la malaria, Otrante renaîtrait lentement de ses cendres, à l’abri derrière les puissantes murailles aragonaises du château de Carigliano. © M.CharréLa ville ancienne était traversée par de petites ruelles escarpées qui menaient à la cathédrale romane et au château de Corigliano. Au Moyen Age, le port était idéal qui permettait aux croisés de s’embarquer pour la Terre Sainte et Jérusalem. L’artisanat y était florissant. Elle faisait commerce d’huile d’olive, de vin… Son nom avait pour origine la rivière Hydruntum dont les eaux se jettent dans le port. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du sud

Nous avons poursuivi notre chemin et admiré les petites rues de la vieille ville, levé le nez, écarquillé les yeux. Toujours prête à séduire la ville regorgeait de cours intérieures, de patios feutrés, de corbeilles de fleurs odorantes. Ce furent des moments magnifiques et tranquilles en un parcours ponctué d’émotions esthétiques. © M.Charré Etrange personnage croisé au détour d'une ruelle. A Lecce le papier mâché fait partie d’un art statuaire et de l’artisanat local. Le « cartapesta » papier écrasé participe de la décoration des églises, de la création de statues de saints. Sur des moules de paille ou de plâtre, on applique plusieurs couches de papier absorbant alternées avec du papier journal imbibé de colle. On laisse sécher puis on réunit les deux parties du sujet. © M.Charré
La tradition du papier mâché est très ancienne et liée aux cultes religieux. Chaque année le char triomphal de la fête de la Bruna, à Matera, est détruit dans un assaut traditionnel puis, reconstruit par d’habiles artisans locaux. Tout près de la cathédrale de Santa Croce, il y avait une minuscule boutique et devant sa porte ce soleil qui ressemblait à ce que nous ressentions au plein coeur de ce voyage, chaleur et griserie nées de notre émerveillement. © M.Charré

LES POUILLES -Italie du sud - 2007

Arcades baignées d'ombre et de lumière où quelques moments de repos nous furent accordés, avant de poursuivre sur les pas de notre guide. © M.Charré
Dans un cloître, au mitan du jardin, il y avait un puits dont la margelle soutenait deux colonnes sculptées d'angelots et de fruits baignés de soleil, sans doute échappés d'une corne d'abondance.
© M.CharréLecce l’aristocrate, Lecce où régnaient culture et traditions. Sur la Piazza Dumo, le Palais du Séminaire, les Palais nobiliaires érigés au XVIIè par de riches familles. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

la façade explosait du décor audacieux des angelots rieurs, des visages zoomorphes étranges qui soutenaient les consoles, de visages profanes aux regards fixes, sans grâce, qui transgressaient ces lieux de prières. © M.Charré
La louve romaine semblait veiller sur cet univers singulier et fantasque, loin de toute discipline monacale. © M.Charré
Nous avons pénétré, silencieux, dans la superbe basilique de Santa Croce. Les nefs intérieures me laissèrent stupéfaite. De marbre, de festons sculptés, de bas-reliefs, de lumières à la gloire de Saint François de Paule, les sculpteurs avaient fait œuvre dans l’exaltation foisonnante des formes avec un art consommé. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

Ce matin là, nous avions fait route vers Lecce, la Florence du Sud au centre de la région du Salento, la plus au sud du talon de la botte, entouré des mers Ionienne et Adriatique. Sur la piazza Sant’Oronzo l’arène de l’amphithéâtre romain, construit au IIès, était tendue d’un tapis de verdure et de pavots rouge-sang. © M.Charré Sous les bâtiments construits au temps de Mussolini demeurent encore, enfouis dans leur gangue de terre, des arcs, des escaliers, des gradins, mais il faudra du temps pour les en dégager. © M.Charré
C’est à Lecce, l’ancienne « Lupiae » et à Martina Franca que les monuments rendent le plus bel hommage au baroque « leccese ébouriffant » apporté par les espagnols. Ainsi la superbe basilique de Santa Croce, érigée par le comte de Lecce et duc d’Athènes. La rosace au fronton de Santa Croce était superbe, aérienne, qui offrait une quiétude aux croyants et la reconnaissance d’une présence divine. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

Nous étions arrivés à Alberobello, « le bel arbre », la ville extraordinaire des trulli, aussi appelé “paiare”, aux toits en forme de cônes surmontés d’un pinacle décoratif de diverses formes, disque, étoile, croix…. © M.Charré
D’abord ce fut un frémissement soulevé par un vent curieux, les couleurs de l’aube avançaient, le brouillard stagnait, s’accrochait encore autour des trulli, aplatissant leurs coiffes de pierres grises entre ciel et trottoirs. Quelques femmes et hommes allaient à leurs occupations, une femme balayait sur le pas de sa porte, un homme à califourchon, courbé sur une vieille mobylette, remontait la rue principale. © M.Charré
Du Belvedere caffe la vue était superbe sur les trulli. Nous étions à la fin de l’après-midi, Alberobello, capitale des trulli, nous conviait à venir à elle. Elle se partageait en deux quartiers, le Rione Monti, le plus grand, l’Aia Piccola, le plus petit. Comment refuser une si belle invitation qui nous mènerait, à pied, de marches de pierre en marches de pierre, en partant de la Piazza de Popolo. © M.Charré
Sur ces toits coniques on distinguait des dessins anciens et magiques dont on ignore la signification. L'origine de leur nom vient du latin turris et du grec torulos ou trulla. Il existe un lien entre les trulli et les " maisons en pain de sucre " de la Syrie du Nord (surtout la région d’Alep). C'était un peu comme un paysage de conte de fées, un village de petits nains et, pour l'écrivain Umberto Ecco, ils évoquaient le sein maternel. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

Dans chaque ruelle il y avait profusion de plantes vertes ou fleuries, les volets, les portes bleus ouverts sur des murs crépis à la chaux, tout ce qui témoignait des coutumes, de la vie des habitants d’Ostuni. © M.Charré
Sous l'arche immaculé était une vigne dont les sarments s'accrochaient à de fins madriers de bois. La récolte serait discrète, quelques grappes d'un fruit sucré qu'il faudrait sans doute disputer aux oiseaux. © M.Charré Sur une terrasse, face à l'immense plaine plantée d'oliviers, je pensais à « Délia » la femme d’Ostuni. C’était une jeune fille que des fouilles avaient mis à jour. Sur ses genoux elle tenait un fœtus. Elle nous revenait auréolée de mystère, avait traversé 25 000 ans pour goûter à un étrange et dérangeant repos, exposée dans un cercueil de verre au Musée des Civilisations d’Ostuni. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

A deux pas de la cathédrale l’Arc de l’Evêché enjambait une rue où se pressaient les passants. © M.Charré
Je crois me souvenir que c’est sur la Piazza Sansone, face à la colonne de San’Oronzo, que nous nous sommes attablés au Caffé Parissi pour les premiers Cappuccinos du jour, à l’arôme unique. Profiter du spectacle de la ville frémissante d’agitation et se laisser envahir par une douce torpeur. © M.Charré
Dans une ruelle où les marches de pierre invitaient à la visite, le cafetier voisin avait installé ses fauteuils et ses tables, chacun sur une marche, inattendu, audacieux, mais pratique. © M.Charré

LES POUILLES - Italie du Sud - 2007

Ville blanche, perchée sur trois collines, ceinte de longs fragments de murs médiévaux, Ostuni ressemblait à un village grec. Ce 1er mai avait fait affluer une population d’autochtones dans ses lacis de ruelles, d’escaliers véritable labyrinthe, idéal pour s’y perdre … © M.Charré
Sur la Piazza Sansone, s'élevait la colonne de San’Oronzo. Il semblait veillait sur la ville blanche et offrir sa bénédiction aux passants. © M.Charré
La cathédrale d’Ostuni, construite en pierre blonde dans la moitié du XVè possédait un joyau en sa rosace centrale à 24 rayons. Sa beauté était visuellement splendide. © M.Charré