28/08/2010

YEMEN - ILE DE SOCOTRA - Fin du voyage

Pour clore ce voyage en images et en mots, j'ai voulu le faire en publiant cette affiche découverte dans une exposition. Dans un espace vouté, sculptures et peintures et, plus loin, cette affiche qui évoquaient les femmes yéménites. Comment déchiffrer ces visages, ces sourires, ces filets de regards seules sources de lumière et de reconnaissance. Lançaient-elles un défi à leurs réalités ? Comment appréhendaient-elles leur avenir ? Comment échapper à cet univers de frôlements ? Comment croire à un bonheur qui se dissimule derrière la noirceur de leurs voiles ? Pourtant, nous avons rencontré des jeunes femmes à la Grande Mosquée du Président à Sanaa. Elles nous ont entraînées avec elles là où elles pouvaient nous apparaître à visages découverts. Elles se sont amusées de notre étonnement lorsqu'elles ont relevé le bas de leurs voiles, pour nous montrer les robes qu'elles portaient sous leurs niqab.
Où était donc la vérité ? N'était-ce qu'un jeu de clair obscur, les troubles sophismes des lois imposées aux femmes ? Albert Camus a écrit :
"La démocratie ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité" !

Dans l'avion de la Yéménia à Aden, nous attendions le décollage pour Socotra. Nous l'avons attendu un long moment. La raison : quatre cents élèves des petites classes d'Aden, filles et garçons, dans le jeune âge, visitaient un avion... le nôtre ! A les regarder, tous vêtus de leurs uniformes, nous nous sommes demandés si ce n'étaient pas les mêmes qui montaient par la passerelle à l'avant puis redescendaient par l'arrière et recommençaient ainsi, sans que jamais cela ne s'arrête, une sorte de "mouvement perpétuel". Mais leurs institutrices nous confirmèrent que tous les petits élèves n'étaient passés qu'une fois. Étonnés eux aussi d'être sous le feu de nos appareils photos. Nous avons fini par décoller.

Nous étions à Sanaa. L'enfant se tenait timidement, les mains le long du corps. Doucement, il laissa éclore un sourire plein de charme. Sur la marche de pierre, devant le portail, était-ce son père, son grand-père, mais qui que ce soir, l'homme ne lui prêtait guère attention, occupé à remplir ses petits sacs de qat. L'homme et l'enfant, une vision qui se faisait l'écho d'un sentiment troublant où se fondait la chaîne intemporelle des âges.

YEMEN - des Hauts Plateaux à Sanaa

Au soir nos yeux se sont heurtés aux couleurs des chapeaux de paille, après s'être confrontés au flou des ombres et des ténèbres qui semblait happer ces clientes sans visages.

Ces deux photos exercent encore sur moi un sentiment de malaise profond. A Sanaa, la mère de cette fillette était venue acheter un nouveau niqab. Elle tâtait le tissu, le voile qui viendrait remplacer celui qu'elle portait. Au fond de la boutique, un homme. Ici s'inscrivait en toute impunité l'histoire de ces femmes, dans les moindres gestes de leur vie. Un jour cette petite fille viendrait elle aussi troquer son jean et son pull over rose ou du moins les faire disparaître sous le voile infamant.

Où seuls les cintres avaient le droit de porter couleurs !




YEMEN - Retour vers les Hauts Plateaux







YEMEN - Retour vers les Hauts Plateaux

Cette photo d'un moment m'émeut. Devant la complicité éphémère de l'homme et de l'enfant. Il arrive régulièrement dans nos voyages que je sois témoin d'une telle approche. Avec toute la discrétion possible l'objectif la capte, la saisit et je l'emporte comme un cadeau.

Hauts Plateaux - L'enfant se tenait près d'un gouffre de plusieurs centaines de mètres, sur le plateau de Boukour. Sous la ceinture de cuir, au milieu de la taille, le fourreau était vide. Il aurait dû arborer fièrement le poignard ou "jambiya", haute parure yéménite, symbole de virilité. Mais il arrivait qu'en cas de désobéissance la "jambiya" soit confisquée par les parents.





YEMEN - Retour vers les Hauts Plateaux




Perché à 3100 m, le village de Boukour. Quelques moutons obstruaient le passage à ce tout petit garçon en larmes. Qui viendrait à son secours le délivrer de ces méchantes bêtes qui le narguaient. C'est facile lorsque l'on est plusieurs contre un seul ! Il semblait minuscule, pétrifié, cerné par ces hauts murs de pierre.



YEMEN - Retour vers les Hauts Plateaux