Le bleu du ciel était splendide où s'inscrivaient les formes étranges des baobabs Za. A les regarder ainsi ventrus, écorce craquelée, bras jetés en avant, je fus tentée de croire que nous venions d'atteindre à un autre univers. Celui de Miyazaki, qui défend cette idée qu'un esprit se cache dans chaque élément naturel, et que ses dessins révèlent superbement. © M. Charré
Avec leurs bouteilles ou leurs seaux en plastique, elles s'en vont puiser de l'eau, pieds nus à travers la savane, parfois très loin de leur village. Il n'y a pas d'âge pour ces fillettes qui ont leur rôle à tenir au sein de la famille. Juste un coussin de tissu fin posé sur la tête pour assurer l'équilibre de la charge au retour. © M. Charré
Le second bac était là, une sorte de ponton dont le moteur s'abritait sous un abri de tôle rouillée, bruyant, mal odorant. Aux abords du fleuve, la vie de tous les jours : retour de la pêche, espoir de vendre quelques poissons, pour le reste ils constitueraient les repas de la journée. Sur la rive d'en face deux ou trois zébus pâturaient une herbe rare, s'attardaient près des huttes aux toits de branchages séchés. © M. Charré
Monsieur Jean, propriétaire de La Sirène, et je me souviens de son chapeau de paille orange aux larges bords bien enfoncé sur les cheveux épais. Monsieur Jean était un homme discret. Il avait pris ses quartiers à la proue du chaland, laissant le capitaine Leol, seul maître à bord. Mais il nous rejoignait le soir sa guitare à la main pour accompagner Anita et parfois joindre sa voix à la sienne. © M. Charré
Ils ont dressé leur étal avec quelques fruits dans l'espoir d'attirer les passants qui, ce soir encore, regarderont le soleil se coucher, embraser le ciel, revêtir d'ombres les baobabs de Kirindy, ces arbres à la tête échevelée qui semblent plantés à l'envers. © M. Charré
Près des grands baobabs de Kirindy, un étang où poussaient des jacinthes d'eau, où les femmes du village venaient remplir leurs seaux. Et la grâce naturelle d'une silhouette qui s'éloignait déjà, légèrement courbée sous le poids du seau porté à bout de bras tendu. Mora-Mora, doucement, doucement. © M.Charré
De Salary à Ifaty, la piste longe la mer en partie, nous y sommes attendus pour le déjeuner. Tandis que les cuisines s'affairent à nos commandes, nous sommes allés marcher sur le sable. Les pêcheurs étaient rentrés avec au fond de leurs pirogues le produit de leur pêche. Près de la barque de son père le petit garçon nous a regardé passer. © M. Charré
Le bruit du moteur a sans doute fait fuir les crocodiles. Seul un héron nous regarda passer avec une hautaine indifférence. Le soleil nous a accompagnés dans sa lente descente vers l'horizon enflammé, tandis que les nuages déchiquetés recevaient ses derniers rayons. © M. Charré
Celestin remonte l'ancre, crocs de métal aux pointes acérées et j'entends le bruit de la chaîne qui racle le bord durant la manoeuvre. Le Noki Be s'apprète à appareiller, soumis aux grandes voiles qui remonteraient dans les couloirs du vent, ou naviguant au moteur lorsqu'il nous ferait défaut. © M. Charré
Ils ont traversé les broussailles avant d'arriver sur le sable au bord de la rivière. Le jeune berger conduit son zébu pressé de se rafraîchir, de s'abreuver. Ils entreront ensemble dans l'eau encore chauffée de soleil, ils ne se quitteront pas. © M. Charré
Nous avons quitté Belo sur Mer et repris la piste, traversé des villages Vezo, les enfants étaient là. Pourtant leurs grands-mères ne leur racontaient-elles pas que s'ils n'étaient pas sages, les "Wasa", les blancs, viendraient leur arracher le coeur ?
C'était notre petit mousse. Sur la plage il était allé ramasser du bois. A la nuit venue il crépiterait, s'enflammerait, tandis qu'autour du feu des voix monteraient vers le ciel, dans la nuit toute étoilée. Elles réveilleraient des émotions que l'ombre complice dissimulerait aux regards. © M. Charré
L'écho d'un chant qui s'éloigne. A bord de la Sirène c'était l'au revoir, le débarquement était proche. Je garde en mémoire le visage lumineux d'Anita, le velouté de la peau. © M. Charré
Le regard porte loin, vers un bonheur improbable. La fillette semble déjà lointaine. Elle est là sur le sable qui déjà se réchauffe, après avoir dansé pour nous la danse du voleur de zébus. Et l'émotion est forte qui m'assaille. © M. Charré
Ils sont apparus aux premières heures de l'aube. Sans impatience les enfants attendent autour du feu que le capitaine de La Sirène partage le pain, y étale un peu de beurre et leur distribue. © M. Charré
Dans le village où règne encore un roi, l'une de ses six filles prépare le petit déjeuner près de la maison familiale, une friture fraîchement péchée. © M. Charré
Enfin la rivière est là après des inquiétudes pour arriver à l'heure du dernier bac. Les femmes et les fillettes ont chargé des ballots de toile rêche, remplis de feuilles de haricots. Les véhicules vont monter lentement sur
cette embarcation archaïque. © M. Charré
C'était l'heure du déjeuner pour les plus jeunes. Des enfants il y en avait partout qui vinrent à notre rencontre. La fillette avait abandonné la partie de dominos qui se jouait un peu plus loin, sur une natte. © M. Charré
Sur notre chaland "La Sirène" nous avons descendu la Tsiribihina, en terre sakalave. Nos soirées furent bercées aux sons de la Valhia, de la guitare de Monsieur Jean et de la voix à la fois rauque et vibrante d'Anita, sa fille. © M. Charré
C'était l'heure où les zébus venaient s'abreuver. Au coucher du soleil, dont je ne peux oublier la splendeur, se profilait une allée d'arbres noirs, silhouettes majestueuses et superbes
des baobabs de Kirindy.
© M. Charré
Sur les bords de la rivière des grottes recèlent de stalagtites et de stalagmites. Graciles aigrettes, robiniers regorgeant de couleurs et, perchés haut dans la roche, quelques tombeaux Sakalava. Nous avons embarqué sur ces drôles de pirogues double, reliées entre elles par des planches sommairement clouées. © M. Charré
Sur le sable, le Zoki Be s'était échoué pour cause de calculs fantaisistes des marées par notre capitaine Emerlk. Nous avons attendu 6 heures que la mer revienne lécher les flancs de notre pirogue à balanciers et nous emporte au large. © M. Charré
Un crabe est venu se joindre à nous, nous devions nous trouver sur son trajet du soir. Alors, pour le dédommager de tant d'embarras nous lui avons offert un morceau d'ananas. A l'aide de ses pinces, il a porté des morceaux jusqu'à son bec, appréciant et dégustant ce dessert inattendu. © M. Charré
Nous étions dimanche, nous faisions route vers Salary, à travers les palétuviers et les baobabs. Nous avions fait halte et tout à coup, un groupe de jeunes musiciens sortit des haies épineuses, avec leurs instruments authentiques pour quelques aubades et quelque argent. © M. Charré
A même le pont, Simon avait déposé le plat de pinces de crabes accompagnés d’une mayonnaise « maison », battue à la fourchette de mains de maître. © M. Charré
Après les repas merveilleusement pêchés, cuisinés, inventés par Simon, venait l'heure du café. Et nous le regardions faire "à l'ancienne" dans la chaussette. Quels instants extraordinaires et pourtant si simples. © M. Charré
Petite bouille ronde, regard lointain, complicité mystérieuse de l'enfance avec ceux qui les aiment. © M. Charré
Accrochés par le harnais et les mousquetons, ce fut une nouvelle expérience, notre nouvel "extrême", un face à face avec cette forêt d'aiguilles calcaires, de pics tranchants, sculptés par le vent et l'eau. © M. Charré
Devant les huttes de pêcheurs du village de Andavadoaka, une rencontre malicieuse un rien échevelée. © M. Charré
Dans la forêt toute proche, ils sont là les petits lémuriens, coquins, agiles, aux pupilles en boutons de culottes. Les yeux du garçonnet qui s'étonne et cherche à les découvrir à travers des jumelles. © M. Charré
Sur un fond de broussaille et d'arbres pieuvres, une jeune femme attend, sa tête protégée de l'éclat du soleil brûlant par un fichu habilement tourné. © M. Charré
Soudain un ciel d'orage sur les Grands Tsingy, tranchants comme des lames de rasoir. Vision somptueuse sur les "totems" karstiques, éclatante merveille d'une nature presque vierge et libre. © M. Charré
Près du petit village sakalave de Begidro, l'image sereine d'une femme après sa toilette. Juste un effleurement du regard pour ne pas la troubler. © M. Charré