Un soir que nous regagnions la cabine, nous nous trouvâmes nez à nez avec un curieux passager clandestin. Coiffé de sa casquette, ses lunettes de soleil chevauchant son nez d’éponge, ses jumelles sur sa poitrine douillette, sa bouteille d’eau appuyée sur sa hanche, il attendait notre retour. Chaque soir, ces superbes sculptures d’éponge, fleurs de lotus, couples de cygnes blancs… attendraient qu’à la nuit, nous revenions au bercail.
Petit salon aux murs lattés de bois, dont la fenêtre ouvrait sur le Nil, douce lumière, tendres couleurs, petits coussins et table d’écriture pour les accrocs aux mots et aux merveilles. Déjà un vêtement, un sac, un paréo, « marquaient ce territoire » que nous venions de faire nôtre, les yeux remplis de convoitise pour cet espace qui accueillerait nos rires, nos bavardages, nos silences, au cours des jours et des nuits à venir.
De chaque côté de l’unique coursive se distribuaient les portes de nos cabines. J’ai glissé la clef dans la serrure de l'une d'elles (la 300 si vous voulez tout savoir) et nous sommes entrées, Denise et moi. Qui est Denise ? Une nouvelle venue parmi nous, sensible au bonheur et à la bonne humeur ! A l’intérieur il y faisait frais et nous avons soupiré d’aise.
C’est dans le salon d’accueil où trônait un bar, quelque peu déserté de bouteilles, que nous avons été invités à nous asseoir. Sur un plateau que l’un des membres de l’équipage nous tendait, des verres à Ricard remplis d’un cocktail de bienvenue frais et délicieux. Tandis que nous le sirotions à petites gorgées, Olivier, notre « capitaine sur terre », nous expliqua ce que serait la vie à bord. Nous aurions, entre autre, le droit de nous approcher « gratuitement » du bar... uniquement pour les boissons sans alcool ! Puis il nous distribua les clefs de nos cabines, les clefs d’un petit paradis rien que pour nous. Nous venions de pénétrer dans un rêve tout éveillé. A son bord, « La Jasmine » nous invitait à poursuivre le voyage.
La petite embarcation-taxi s’est approchée tout contre le flanc aux volets ouverts sur le Nil. L’équipage était là pour nous accueillir en haut de la passerelle. Pour nous, tout était encore inconnu, les visages comme les lieux. Nous allions vivre durant une semaine sur cette magnifique "dahabieh "et je me sentis traversée par un petit vertige d’exubérance joyeuse, qui me venait du plaisir que j’éprouvais en cet instant précis.
Après avoir passé une fort bonne nuit dans le train Le Caire/Louxor, un bus nous avait conduits de la gare en un lieu sur le Nil où nous savions que notre dahabieh nous attendait, comme nous étions impatients nous-mêmes de la découvrir. C’est à bord d’un petit bateau que nous avons rejoint « La Jasmine », à quai de l’autre côté du Nil.
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