05/12/2008

UN AUTRE BRESIL - OCT 2008 - Jericoacoara

Le village de Jericoacoara était un lieu paisible, malgré la renommée de sa plage, classée première sur les dix plus belles au monde. Et pourtant, elle était presque inconnue qui bordait le littoral à l'ouest du Ceara. Un petit village de pêcheurs où chevaux, ânes et mulets venaient paître à marée basse. Au loin, minuscules silhouettes, comme dessinées d'un simple trait, les barques attendaient le retour de la marée. Couronnée de nuages moutonneux, on pouvait apercevoir la "Duna do Funil", la plus haute dune de l'état du Ceara.
Nous allions vers Pedra Furada, ce coucher de soleil qui s'inscrirait dans une roche percée où venaient battre les vagues ourlées d'écume blanche. Nous marchions en des instants où la volonté n’avait pas sa place, seule la beauté nous guidait vers une lumière qui sans cesse évoluait. La vie était là, sans préparation.
Nous avons traversé le village de Jericoacoara, ici pas de rues, mais des chemins sablonneux. L’heure était venue d’aller assister au coucher du soleil. Sur le sentier escarpé qui surplombait la mer, hérissé de longs cactus, deux chevaux scellés attendaient. Plus tard, le bruit sourd de leur galop enfla à nos oreilles et les deux cavaliers qui les montaient, nous croisèrent puis disparurent à l’horizon, dans un ciel qui s’embrasait de fulgurances orangées.

Nous avons marché un long moment sur le chemin de sable qui bordait la mer, juste un chemin tranquille où d'immenses cactus avaient choisi de pousser là, étonnamment, courageusement, les racines enfouies dans le sable. En bas quelques vagues dont le murmure arrivait jusqu'à nous, s'approchaient du sable.

Sur la route de Jerico, dans la station de Camocim au milieu des sables, nous avons fait halte. Ici l’on dégustait des jus de fruits pressés au pilon, sur l’instant, et l’on passait à table sous les paillotes, bien à l’abri d’un soleil brûlant. Mais ce qui était original c’est que les clients avaient les pieds dans l’eau, tout comme les garçons du service qui se déchaussaient pour aller les servir.

Nous avions quitté Paranaïba et notre bien accueillante Posada de Ventos. Un premier bac nous avait fait franchir la rivière Coreau. Sur la plage de Guriù, entre Tatajuba et Jerico, celui-ci était le second que nous emprunterions, beaucoup plus archaïque. La plateforme de planches disjointes avancerait par la seule force d'une pagaye de bois maniée par un homme qui la plantait au fond de l'eau.

Les sacs avaient été chargés dans les landrovers "Camel Trophee". La piste que nous allions emprunter longeait la mer. C'était fantastique, je ressentais un immense sentiment de liberté. Notre chauffeur s'appelait Baptiste. Nous pouvions lui faire confiance, il avait les bras suffisamment musclés pour tenir le volant dans les dunes. Nous nous sommes élancés sur le sable humide, avons longé la mer un long moment. De fortes odeurs de vase, de marées nous arrivaient aux narines.

Arbre déraciné, bois flotté que les flots avaient déposés là. Anciennes mangroves que la mer avait désertées. En leur temps de splendeur, elles avaient pris racine dans le sable, organes respiratoires d'une végétation luxuriante. Ne restaient plus d'elles que des squelettes de bois morts hérissés. Nous poursuivions notre chemin en bord de mer, il nous conduirait jusqu'au désert des Lençois.

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