28/11/2009

RETOUR EN EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Les vendeurs se sont éloignés, nous avons repris notre navigation. Se découvrait à nos yeux un village nubien blanc et ocre, de briques et de terre crue, niché au creux du désert, qu'arpentaient quelques dromadaires, de leurs lentes et longues enjambées, se suivant l'un l'autre.


Dans l'Antiquité, la Nubie était un royaume indépendant. De nos jours, elle occupe le nord du Soudan et l'extrémité sud de l'Égypte. Elle se déploie de la 1ère cataracte à la 4ème cataracte. Notre bateau et son "toit terrasse" où s'était installé un homme solitaire, regard tourné vers l'horizon, a accosté lentement sur la plage, là où le désert glissait dans le fleuve. De nombreux marchands s'y étaient donné rendez-vous. Ils nous attendaient assis sur le sable. Un garçon est venu avec des poupées en bois peintes de couleurs vives, des poupées nubiennes. Elles étaient ravissantes, j'en ai acheté deux qui iraient rejoindre la collection de poupées du monde que je rapporte chaque fois, pour une petite fille dont les yeux brillent en découvrant ses trésors.

A bord d'un petit bateau à moteur, nous sommes partis vers la 1ère cataracte, en amont d'Assouan, sur la rive ouest, eaux bouillonnantes, roches érodées. Dans l'Antiquité, la 1ère cataracte, près de l'île de Begag, était considérée comme la frontière naturelle du sud de l'Égypte. Au détour de haies de hautes herbes, de roseaux, nous avons croisé quelques embarcations et, se faufilant à travers les rochers à fleur d'eau, des felouques suivaient leur chemin.

Les cataractes du Nil sont des rapides constitués par des amoncèlements rocheux, distribués dans le lit du fleuve. Elles sont six qui serpentent depuis le nord de Khartoum jusqu'au Soudan. Ainsi la navigation peut s'avérer dangereuse et les bateaux doivent veiller à se frayer un chemin avec prudence.


Les voiles paresseuses des felouques se balançaient doucement, serrées les unes contre les autres, se laissaient courtiser par une douce brise. Elles attendaient leurs prochains rendez-vous.

RETOUR EN EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Nous avons débarqué au pied du Jardin Botanique, des escaliers de pierre menaient jusqu'à fleur d'eau. Sur les pas de Soliman nous avons arpenté les allées à la découverte d'arbres au bois précieux, de fleurs... Permission nous fut accordée, dans l'attente de notre prochain embarquement, mais cette fois à bord d'un petit bateau à moteur.

Posé sur les collines d'Assouan, le mausolée de l'Iman Aga Khan surplombe la rive occidentale du fleuve. Il avait décidé de ce lieu, ainsi que le firent avant lui les princes nubiens. Il repose dans un sarcophage de marbre blanc finement décoré des textes du Coran. C'est en l'an 2000 que La Bégum, son épouse, vint le rejoindre pour l'éternité. Avant sa mort, Aga Khan lui avait demandé de ne pas le laisser seul. Chaque jour, elle vint déposer une rose rouge sur sa tombe. Ce geste d'amour se perpétue encore aujourd'hui.

Le garçon s'était approché dans sa curieuse et frêle embarcation, récupérée ou construite avec les moyens du bord. Il s'était accroché à notre felouque puis, dès qu'il avait reconnu notre langue, s'était mis à chanter à tue-tête une ancienne chanson en français... pour quelques centimes de livre égyptienne.

Nous avions toute une journée à passer à Assouan. Ce serait pour commencer à bord d'une felouque, à la proue un jeune homme manœuvrait les voiles, à la poupe un homme bien enrobé maniait la barre. Nous nous étions confortablement installés, de ses voiles la felouque nous conduisait vers le Jardin Botanique.

Nous avons croisé l'Île Eléphantine, île nubienne, à la naissance de la première cataracte du Nil, face à Assouan. Khnoum, le dieu à la tête de bélier, était le seigneur de ces cataractes des eaux du Nil. Au temps de l'Egypte antique, c'était une province "nome", aujourd'hui Eléphantine est devenue un quartier d'Assouan, formé par deux villages nubiens et l'on pouvait apercevoir leurs maisons et sur la hauteur tout au sud, les ruines de l'antiques Abou, qui se découpaient dans le ciel à l'horizon.


A Assouan, où de nombreux écrivains trouvèrent l'inspiration, qui ne connait "Mort sur le Nil" d'Agatha Christie, et le célèbre détective belge Hercule Poirot qui aurait à mener son enquête, La Jasmine était au port. Nous l'avions retrouvée avec bonheur au retour d'Abou Simbel et de Philaé.

RETOUR EN EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Nous avons marché jusqu'au petit souk de l'entrée. Abou Simbel est en terre nubienne et ce fut ma rencontre avec l'un d'eux... très charmant...
- Ce n'est pas comme ça qu'il se porte, vous permettez ? Il parlait un excellent français.
A gestes lents, il m'ôta le foulard blanc égyptien que je portais sur mes épaules. Il le plia en une coiffe très seyante et me le posa sur les cheveux avec un grand sourire. Je me souviens aujourd'hui encore de l'élégance de ses gestes.

Le temple de Néfertari, ou petit temple, est situé au nord du grand temple. Comme le temple de Ramsès, il fut creusé dans la roche où six niches abritent six statues debout. Elles symbolisent Ramsès et Néfertari accompagnés de leurs enfants. La grande épouse royale, contrairement à la tradition, fut représentée à taille égale à celle de Pharaon. J'ai marché doucement, tête et regard levés vers ces visages dont nous avions appris longuement les noms, les rôles, les motifs porteurs de sens... J'ai visité Néfertari en sa demeure, "la belle des plus belles", me suis attardée, car ce serait notre seule et unique rencontre, je le savais.

En basse Nubie, au nord de la frontière entre le Soudan et l'Egypte, ces deux temples ont été taillés dans le roche d'Ibsambul, falaises de grès le long du Nil, devenu Abou Simbel. Creusé dans la montagne, le grand temple s'enfonce jusqu'au saint des saints, "spéos", symbole des origines de la création. Assis côte à côte les dieux Ptah, Amon, Ramsès et Horakhty. Ainsi Ramsès se voulut-il dieu à l'égal des dieux !

Prendre la pose "s'imposait", mais nous ne serions que petits cailloux vite balayés par le vent de l'histoire, par le vent du désert.

Il faisait très chaud, chapeaux, casquettes, foulards s'imposaient, la visite serait longue. Nous nous sommes engagés sur le chemin qui menait aux temples, celui de Ramsès et celui de la grande épouse royale, Néfertari. Je marchais, j'attendais, tout à coup quelqu'un a dit
- le choc c'est après le dernier virage
Alors j'ai allongé le pas, dépassé ceux qui marchaient devant moi, et je les ai vus. Immenses, puissants, immobiles, leurs regards fixés loin, très loin, images de pierre, images d'éternité dont il me semblait que les cœurs battaient toujours. Quatre colosses assis, quatre fois le pharaon en divinité. A ses pieds, minuscules, Néfertari et leurs enfants. J'ai franchi le seuil de la porte, tout à coup ils furent là, se regardant face à face, huit colosses de pierre, leurs yeux grands ouverts, cernés de sombre, yeux de verre. Leur conversation avait commencé depuis des siècles et ne s'achèveraient jamais, à moins qu'un fracas de la nature ne vienne les interrompre.

Dans les années 1950, les gouvernements égyptien et soviétique projetèrent la construction du grand barrage d'Assouan, menaçant d'engloutir les deux temples d'Abou Simbel dans les eaux du lac Nasser. Il était impossible de laisser se perpétrer un tel outrage .
Sous l'égide de l'Unesco, le sauvetage des temples d'Abou Simbel, qui dura quatre ans et demi, fut planifié. Ingénieurs et artisans unirent leur savoir et leurs bras pour découper les temples, à la scie manuelle, en 1042 blocs, alors que les eaux du Nil léchaient déjà les pieds des statues. Sauvé des eaux, plus haut de 64 m, Abou Simbel fut à nouveau prêt à recevoir ses visiteurs en septembre 1968.

Les sons et lumières furent grandioses, si beaux, si forts, à l'image des hôtes de ces lieux de mémoire. A l'entrée, il y avait foule, ce soir le spectacle serait donné en espagnol. Chaque soir, une langue différente, et pour ceux qui ne comprenaient pas des casques permettraient de suivre la grande histoire. Les deux temples étaient illuminés, comme si le soleil caressait encore la pierre chaude, tandis que nous prenions place sur les gradins de pierre. La musique fut ce support émotionnel qui transperçait le silence des siècles.

C'est en convoi que nous sommes partis pour Abou Simbel. Le point de rencontre était entouré d'une barrière gardé par l'armée "fusils aux poings". Nous sommes montés à bord de notre car et sous chaque siège se trouvaient les paniers repas. Tout au long de la route je sentais l'impatience me gagner. Enfin arrivés, Soliman nous a distribué nos billets d'entrée, aussi beaux que tous les autres, sur papier glacé.

23/11/2009

RETOUR EN EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Nous avons quitté Philaé comme nous étions venus, par l'eau à bord de notre petite embarcation qui se glisserait entre toutes les autres pour nous laisser descendre à l'arrivée. Sur son Île nous apparaissait encore le Kiosque de Trajan, il nous saluait dans son écrin de verdure et de fleurs, éclairé par un soleil radieux. Il m'est venu cette idée que j'aime, peut-être que certains soirs où la lune resplendissante illumine le fleuve, Isis vient s'asseoir près du "Lit de Pharaon", le Kiosque de Trajan.


A Philaé, devant le premier "pylône", se dressent les statues de deux lions en granit. La colonnade occidentale du temple possédait à l'origine trente et une colonnes. Quant à la colonnade orientale elle ne fut jamais achevée. Au travers du premier pylône, une autre entrée fut construite pour permettre l'accès à la maison de naissance ou "mammisi". C'était une petite chapelle où l'on célébrait la représentation des mystères de la naissance divine. Philaé demeura longtemps un lieu de rencontre pacifique entre des peuples souvent opposés.


Cette face truculente est celle d'un demi-dieu très vénéré, il s'appelle Bès. Son petit corps de nain (peut-être un pygmée que la légende fait apparaître aux sources du Nil où la reine Hatshepsout se serait rendue), est souvent représenté dans les temples, en particulier ceux d'Hathor. Complices l'un et l'autre, la déesse pour la beauté, la joie, le bonheur, le petit gnome pour la toilette, la musique, la danse et le plaisir des sens. Sur cette colonne du petit temple d'Hathor, il joue sur une sorte de harpe.

Sur ces deux colonnes du petit temple d'Hathor, Bès joue d'un côté du tambourin, de l'autre de la harpe. Mais le joyeux petit luron jamais ne saurait troubler le sanctuaire d'Isis.

22/11/2009

RETOUR EN EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Certaines déesses importantes dans le panthéon égyptien possèdent des têtes de vache. La déesse Hathor est parmi celles que l'on vénère le plus, sans doute parce qu'elle représente l'amour, la joie, la danse. C'est sous la forme anthropomorphe d'une femme avec des cornes de vache autour d'un disque solaire qu'on la rencontre le plus souvent. Mais elle peut l'être aussi par une tête de vache, ou par un visage humain avec des oreilles de vache. Je sais c'est assez compliqué, mais dès que je l'ai découverte, qu'elle m'apparaisse sous une forme ou sous une autre, j'ai toujours su la reconnaître, parmi ses "compagnes".



Philaé est l'un des plus beaux temples d'Égypte. Il s'en dégage un romantisme qu'il est impossible de ne pas ressentir, parce qu'il bénéficie d'un lieu magique, sur une île où il fut transporté lors de la construction du haut barrage d'Assouan. Isis s'invite partout en ce séjour et si l'on y prête garde, un lointain murmure s'infiltre jusqu'à nous à travers les pierres des colonnades et des portiques. La déesse n'a pas quitté son temple, vous pouvez me croire, elle veille. Au bord du fleuve, l'ancienne entrée du Temple, le Kiosque de Trajan.


Ce matin-là, à bord d'un petit bateau, nous sommes allés à la rencontre du Temple de Philaé, temple sur l'eau dédié à sa déesse Isis, situé sur la petite île d'Agilka. L'arrivée par bateau fut enchanteresse car soudainement le temple jaillit des berges verdoyantes du Nil. Les pèlerins venaient célébrer la mère universelle, épouse d'Osiris, celle qui régnait sur la vie, la mort et la résurrection. Son culte s'étendait jusqu'aux peuplades du nord, au Soudan.

21/11/2009

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Assouan, porte de la Nubie sur la rive droite du Nil. Juste avant que nous ne soyons invités à passer à table, table de fête ce soir là, nous arrivions en vue du pont d'Assouan. Dans les rayons verts de ses haubans, comme deux pyramides, sa silhouette toute en finesse s'élançait vers le ciel.

L'ânesse était attachée à son piquet, mais l'ânon était libre. Il sautillait, s'enfuyait à toute allure, dégringolait le sentier où l'on avait brûlé quelques fagots de petits bois, revenait auprès de sa mère. Un jeu auquel elle ne pouvait participer mais pour lequel elle était toute indulgence.

Sur le chemin, dans un mince tourbillon de poussière, les fellahs revenaient au village où ils retrouveraient leurs familles. Ils chevauchaient de petits ânes courageux et vaillants qui devaient avoir eux aussi, une grande envie de retrouver leur enclos et un peu d'avoine. Images intemporelles qui défilaient sous nos yeux. Miroirs d'une douceur de vivre qui, nous le savions, dissimulait une pauvreté manifeste.

Après que le capitaine et ses hommes eurent retiré les cordes qui maintenaient La Jasmine à quai et que nous soyons à nouveau remorqués par notre bateau pilote, nous avons repris la navigation, toutes voiles dehors, vers Assouan. Bientôt le soleil lancerait ses derniers rayons avant de se noyer dans le fleuve, le crépuscule nous envelopperait de ses ombres vacillantes.


20/11/2009

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Je suis restée immobile, fascinée devant ce bas-relief qui représentait une scène de guerre. Ce lion, dans toute sa splendeur et sa puissance, s'était rangé aux côtés du Pharaon. Le protéger, le servir. A Kôm Ombo, une autre déesse, Sekhmet, "La Puissante" est aussi la "Déesse-Lionne" de la guerre, très présente sur les bas-reliefs du temple. On raconte que l'ivresse était l'un des moyens d'apaiser ses courroux qui étaient nombreux. Pourtant elle aussi était la représentation de la crue du Nil, une façon de "mettre de l'eau dans son vin !"

Gros plan sur les pieds de Pharaon, bien plantés au sol depuis des millénaires, héros triomphant à jamais, dans la "Galerie de la Victoire"

Dans la galerie extérieure du temple, "la Galerie de la Victoire", dont les murs épais avaient traversé le temps, une femme assise, jambe repliées sur une sorte de tabouret bas, percé, dans la position de l'accouchement des femmes des peuples nomades. Il s'agirait de la naissance d'Isis et de sa sœur Nephtys. Ce long couloir était impressionnant, nous nous sentions tout petits en le parcourant d'une extrémité à l'autre. N'allait-il pas se refermer sur nous et nous engloutir ! Sur ses parois des instruments chirurgicaux avaient été gravés par les ouvriers du temple (pinces, bistouris, ciseaux...). Les égyptiens possédaient la connaissance et nous en laissèrent les témoignages.

19/11/2009

RETOUR EN EGYPTE INSOLITE ET INTIME

C'était un pur chef d'oeuvre de finesse que ce moment où Haroéris offre un cadeau au roi. Derrière se tient la sublime déesse Hathor. Comme une scène à jamais figée dans la pierre.

Musée à ciel ouvert où les petits enfants, sagement alignés sous la garde de leurs institutrices, venaient découvrir les richesses d'un passé qui était le leur. Il n'est jamais trop tôt pour initier l'âge tendre, pour séduire la curiosité de jeunes esprits, les ouvrir à la connaissance. Ce matin là ils étaient venus tourner une nouvelle page du grand livre de l'Égypte. Un livre d'histoires où se mêlaient des pharaons, des reines et des rois, des dieux et des déesses, des animaux fantastiques, mais qu'il était impossible de ranger dans un cartable.

Sur l'esplanade aux larges dalles éclatées, les colonnes amputées ont conservé de magnifiques couleurs polychromes. A Kom Ombo, "le temple de l'or", tout était dualité, deux entrées, deux couloirs, double sanctuaire... Mais la majeure partie s'effondra dans les eaux du Nil tout proche. Puis participèrent encore de cette dégradation les tremblements de terre, les pillages des pierres. Cependant, malgré les outrages du temps et des hommes, ces lieux restaient imposants et superbes.


A 40 kms au nord d'Assouan, sur la rive droite du Nil, se trouvait la ville de Noubit. Aujourd'hui, sur l'emplacement de l'antique cité ne se dresse plus que le superbe temple gréco-romain de Kôm Ombo. Dans la nuit La Jasmine avait repris sa navigation pour accoster non loin du temple, car la silhouette de Kôm Ombo se découvre en premier lieu du bateau. Son romantisme se ressent dès que l'on pose les yeux sur ces pierres millénaires. Près du portique romain, nous écouterions sagement Soliman nous raconter l'histoire de ce temple consacré au dieu Sobek à tête de crocodile et au dieu Haroéris (Horus l'ancien) à tête de faucon.

13/11/2009

RETOUR EN EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Nous sommes rentrés sur La Jasmine. Plus tard, au coucher du soleil sur les champs de blés dorés, sur les rizières, où les silhouettes des hommes, des animaux se découpaient à l'horizon, lorsque nous tirerions les rideaux de notre cabine, le "fleuve roi", El Bahar en arabe, serait là.

"Le Nil est la vie, vénère-le car il te nourrit, admire-le partout où il te conduit, mais n'oublie pas que tu n'es rien sans lui."


Pour poursuivre notre chemin, il ne fallait pas avoir peur d'escalader certains rochers ou descendre dans les éboulis de pierres. Djebel Silsileh fut très longtemps exploité comme carrière de grès. Des blocs de pierre portent encore aujourd'hui la signature de carriers.

L'un des cénotaphes était celui de Thoutmosis, "le scribe du Trésor". Le plafond laissait à penser à un lourd tissu tendu. Il avait merveilleusement conservé le dessin de ses motifs et l'éclat de ses couleurs.

Surmonté d'une falaise de grès, le Nil se rétrécit à cet endroit jusqu'à 400 m. Pour ne pas être drossés violemment contre les rochers lors des grandes crues, les bateliers y fixaient une corde à laquelle ils s'arrimaient pour passer. Ce fut l'origine du nom de Djebel Silsileh "la montagne de la corde". Durant l'Antiquité, ce fut la véritable frontière entre le Nil égyptien et le Nil nubien.

Sur le mur d'un autre cénotaphe, il y avait une sculpture de barque très reconnaissable. Celle-ci n'avait pas subi de dégradation. Car il n'était pas rare qu'elles soient raclées, creusées, pour obtenir de la poudre de pierre. Ces cénotaphes étaient souvent ceux de hauts fonctionnaires ou de grands prêtres.

Nous étions partis en pleine chaleur. La Jasmine nous avait déposés juste devant les marches qui accédaient à un chemin de sable. L'endroit était sacré, dédié au au dieu Hâpy, représenté par un personnage androgyne. Hâpy était la personnification divine du Nil à qui les égyptiens vouaient un culte pour ses inondation et le limon noir "Kemet" qu'il déposait sur ses rives. Stèles, cénotaphes (sépultures), temple, furent consacrés par les pharaons.

A l'heure où s'activait notre équipage, qui pour dresser, la table, qui pour déployer les voiles ou descendre laver la coque à grande eau, aux rives du Nil, dans de minuscules embarcations s'entassaient des brassées d'herbes sauvages arrachées au fleuve nourricier par les hommes.