06/11/2008

UN AUTRE BRESIL - OCT 2008 - Amazone

Comme l’écrivait Jean Ferrat, il y aurait « une jeunesse à repasser », enfin ici ce ne serait pas la peine. C’était jour de lessive sur l’Amazone, chez les caboclo. Il y avait de la couleur étendue sur les fils et le temps passerait vite où il faudrait déjà lever le linge que la chaleur du jour aurait séché.
A bord de l’Amazone Queen, nous avons longé les rives fertiles du Guama et d’Acara, à travers le delta de l’Amazone, navigué sur les bras des rivières. Il faisait très chaud. La fillette était là, sourire timide, lorsque nous avons accosté sur un ponton où notre table avait été dressée.

Combien d’arrêts où Marcio, les pieds sur la passerelle, accroché au tronc d’un manguier ou d’un palmier acaï (pinot), s’appliquait à nous en cueillir les fruits ou les grappes, tandis qu’il nous demandait de bien maintenir le canot près de la rive pour qu’il ne s’en écarte pas. Alors, nous attrapions les branches, les longues palmes, enfin ce qui était à notre portée en attendant qu’il rétablisse son équilibre.

Il avait plu averse ce soir là, sur le delta de l'Amazone. Nous avions accosté sur ses rives dans un petit village où nous nous sommes abrités. Lorsque la pluie a diminué nous nous sommes approchés du jeune garçon. Penché au-dessus d'une corbeille, il épépinait les baies d'acaï ; puis il les trierait comme les lentilles de nos grands-mères. Et pour le dîner du soir, sa mère les ferait griller.

L'açaï, açaizera en portugais, sont de ravissantes petites baies dont l’apport est très important dans l'alimentation des habitants d'Amazonie, où sa consommation remonte aux temps pré-colombiens. Gouttelettes de pluie ou grosses larmes, il est facile de comprendre pourquoi les indiens l’appellent aussi « iça-çai », le fruit qui pleure. Ils vont les cueillir sur le palmier pinot auquel elles s’accrochent par grappes.

Sur le Rio Preguiças, nous nous dirigions vers Caburé à bord d’un canot à moteur. Longue route nautique et botanique. Ainsi d’une longue tige cueillie par le capitaine allait éclore entre les mains de Marcio, notre charmant et jeune guide, une fleur magnifique. Il suffisait de la faire rouler dans les deux paumes jointes.

Dans la main qui le tient avec précaution et l’expose à nos regards curieux, le crabe a resserré ses pinces. Notre capitaine, descendu de la légère embarcation bâchée de bleu qui glissait sur l’Amazone, a plongé son bras jusqu’au coude pour aller le débusquer dans la boue obscure et douteuse de la mangrove. Sur les rives du fleuve, il est interdit de ramasser les femelles, pour que l’espèce continue de se perpétuer.

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