21/03/2010

LES PETITES ÎLES OUBLIEES DE LA SONDE

Nous devions faire route vers le port de Benoa, mais une mer trop forte nous dévia sur Nara. Je me souviendrai longtemps, très longtemps de ce retour vers Bali. Nous étions emmitouflés dans nos serviettes de bains tout la-haut sur le dernier pont, allongés sur les transats. Nous ne sommes pas restés dans les cabines, c'était impossible. Sous les bourrasques d'eau de mer qui balayaient le pont nous avons admiré, malgré ce gros temps, un spectacle de toute beauté, le Katharina dansait sur le dos des vagues déchaînées au rythme du roulis et du tangage. J'avais les yeux fixés sur le grand mas qui s'enfonçait dans les eaux et me faisait trembler de peur.

Une femme tissait sur la terrasse de sa maison. Sa fillette enveloppée dans une longue serviette éponge nous regardait, intriguée, mais pourtant prête à entamer le jeu avec moi. La serviette a fini par glisser et dévoiler le petit corps. Je l'ai ramassée et l'ai rendu à l'enfant. Par gestes je lui ai dit combien elle était fraîche et jolie. La maman souriait.

Petits compagnons de vie aussi curieux l'un que l'autre, frère et sœur se pressaient à leur fenêtre. Capter leur juvénile attention d'un signe de la main puis passer son chemin. Dans la tiédeur de ce matin-là nous leur offrions, pour accompagner leur petit déjeuner, "petite madeleine - petite cerise..." un moment qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier.

Quel bonheur de rencontrer cette famille d'humeur joyeuse, petits et grands, un accueil tout simple, un père fier de nous présenter ses enfants.

Le village sasak se cachait derrière une palissade, un peu comme un village fortifié.

La porte de la maison couleurs et dessin particuliers suivant une règle ancestrale.

La fillette, accroupie sur le lino de la terrasse, curieuse de nous regarder passer, était à son petit déjeuner, qu'elle portait à sa bouche avec la main. Elle était toute douceur, toute en rondeurs, un moment de tendresse enfantine.

Un portrait de femme et je me souviens de son silence, de son regard lointain, face à mon sourire que je lui offrais pour seul cadeau.

Notre petit canot avait accosté dans le port de Lembar, au sud-ouest de Lombok pour une visite dans un village Sasak. Nous étions au matin et les habitants de l'Île commençaient à sortir de leurs maisons. La plupart des habitants de Lombok sont des Sasak et parlent le « bali-sasak ». Sur la terrasse de leur maison, près de l’aïeule, la grimace d’un gamin espiègle, le sourire esquissé de la fillette. Chacun à leur façon, les deux marmots exprimaient ainsi leur timide plaisir.

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