22/03/2010

YEMEN ET L'ÎLE DE SOCOTRA


Nous avons quitté notre hôtel pour marcher dans Sanaa. Près des maisons aux façades superbes, fenêtres ouvragées, soulignées à la chaux blanche, des maqshama, jardins potagers, oasis de verdure.






Quelques premières photos de retour du Yémen et de l'Île de Socotra, encore appelée "Les Galapagos de l'Océan Indien".

Nous voici de retour. Nous n'avons pas été kidnappés, mais ce qui peut étonner, nous avons été invités, entre autre, à pénétrer dans un sanctuaire, celui du cheikh de la région de Tawila. Il siégeait avec ses conseillers dans sa ville lorsque nous sommes arrivés. Il avait autorisé sans ambages notre visite, non seulement les hommes, mais nous aussi les femmes. Nous avons dû consentir à mâcher comme eux des feuilles de qat, ce petit arbrisseau originaire d'Afrique orientale, d'Éthiopie sans doute. Le cheikh a posé des questions, beaucoup de questions et notre guide Ahmed répondait avec déférence. Comme l'un de nous était vêtu de la longue chemise blanche, il a demandé
- il est arabe ? Il ne l'était pas, mais sa peau bronzée, ses origines égyptiennes pouvaient en donner l'impression. Ce fut un moment fascinant, voir sensiblement inquiétant. A leurs pieds ils avaient chacun leur kalachnikov près de leurs crachoirs. Étonnamment les photos furent autorisées. Peut-être en opposition aux messages des médias occidentaux, à des réflexions et des angoisses parfois inutiles.
Mais revenons à Sana'a et ses environs les Hauts Plateaux, à la beauté des lieux, l'architecture si remarquable, singulière, les wadis, les djebels, les villages perchés aux sommets des montagnes, audacieux nids d'aigles, tout cela fut grandiose à nos yeux. Paysages tout en rudesse, immenses et profondes vallées fertiles.
Nous avons marché sur des pistes pierreuses, sommes descendus jusqu'aux creux des wadis, sous une chaleur éprouvante, nous nous sommes baignés dans des piscines d'eau douce où des petits poissons venaient déguster les peaux mortes de nos pieds. A Paris, il faut régler 30 euros la séance de 30 min.
Combien les repas furent délicieux, copieux, pour nous redonner de l'énergie. Encore en bouche le goût du thé sucré au parfum de cardamome et de clous de girofle.
Le plus pénible, monter les étages aux marches inégales dans les maisons-tours yéménites... Nous ne nous attendions pas à trouver d'ascenseurs, certes, mais là-haut la vue en valait la peine. Les musées, les maisons, que nous avons visités nous ont tous demandé un gros effort pour "monter jusqu'au ciel".
A l'heure de l'apéritif, nous le dégustions "en cachette", allongés sur les coussins, dans l'une des chambres, avec vue sur Sana'a, celle qui pouvait nous recevoir tous les dix, plus notre guide Ahmed, plus nos chauffeurs. Mais oui on a beau être musulman, nul n'est à l'abri de quelques écarts !

Et si nous apercevions des hommes, de jeunes enfants, avec les joues rebondies, ce n'était pas parce qu'ils souffraient d'une rage de dents, non, c'était parce qu'ils mâchaient le qat. Ces feuilles "stimulantes" qu'ils achètent sans mesure, où est engloutie une grande part de leurs maigres salaires. Reste pour les femmes le souci de se débrouiller pour faire tourner le foyer.

Nous eûmes nos heures de gloire, photographiés, interviewés par un journaliste à Aden, puis une seconde fois à Mawit, où un autre journaliste nous suivit durant toute une longue matinée dans les villages des hauts plateaux. Lorsque nous sommes arrivés à Aden, notre hôtel avait été bouclé sur ordre du gouvernement le matin même. Combien auraient été pris d'angoisse, aurait protesté, nous pas du tout. Notre réaction fut un fou-rire général devant le militaire à moitié couché devant les marches sur un coussin en simili cuir, arraché sans doute au fauteuil d'un véhicule dont la vie était achevée. Les aventures qui avaient déjà marqué le début de notre voyage nous avaient aguerris. Et d'aventures, nous n'en étions pas à nos premières depuis bien longtemps
.

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