09/06/2009

EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Au cœur de la palmeraie de Siwah, se trouvait une source appelée « Bain de Cléopâtre ». C’était un immense bassin de forme ronde, profond, quelques marches de pierre en permettaient l’accès. Bien sûr nous aurions aimé, comme la reine Cléopâtre, plonger dans cette eau fraîche. Mais si la reine y venait, elle ne devait être entourée que de ses femmes…. alors qu’autour de ce bassin pour nous, il en était tout autre. Seuls quelques jeunes garçons s’élançaient en courant pour plonger, dans une gerbe d’eau qui éclaboussait la margelle de pierre.

Comme les petits des animaux, que les mères protègent en les entourant, en les cachant au milieu du troupeau, le petit garçon, curieux, se tenait auprès des femmes à la corpulence généreuse. Il attendait son tour avec sa mère, l’instant où il pourrait peut-être demander le fruit qu’il convoitait, tout en essayant de plonger son regard entre les voiles de la femme devant lui.

A Al-Bahariyah coulaient des sources chaudes, sulfureuses et minérales. Monté ces quelques marches et, derrière, se trouvait un bassin, mais nous n'avons plongé que le doigt pour nous assurer de la température. L'eau était peu engageante, voire trouble. C’était le soir, tout était sombre, pas un bruit… Alors, après avoir cherché et découvert le bouton électrique, la lumière jaillit, éclairant brutalement quelques silhouettes en méditation, assises au bord du bassin. Aussitôt allumée, aussitôt éteinte fut la lumière, mais ne s’éteignit pas le fou rire qui nous secoua à en perdre le souffle.

Appuyé sur ses sacs de grosse toile, dans un poudroiement de soleil, il était sans impatience et regardait les passants qui marchaient dans la torpeur qui s’installait peu à peu. A quoi pouvait-il bien songer en se tenant le menton, qu’il avait cerné de barbe noire quelque peu clairsemée.

L’enfant plissait les ailes de son nez en me fixant sans un sourire. Etait-ce juste l’éclat du soleil qui incommodait son regard, ou voulait-il me faire comprendre sa réprobation pour une photo à laquelle il n’avait pas eu le temps de se soustraire ? J’en fus troublée et ne pus lui offrir que mon sourire pour qu'il me pardonne, si c'était le cas.

Tandis que Soliman achetait deux régimes de bananes, nous allions d’un étal à l’autre du marché aux fruits et aux légumes. Entièrement voilée, dans cet air qui commençait à vibrer de chaleur, une femme était assise. Son visage était incliné vers le sol et je n’aperçus d’elle que la frange de ses sourcils et la naissance du nez. J’ai souhaité alors que les voiles qui l’enfermaient de la tête aux pieds puissent laisser passer un peu de cet air chargé du parfum des fruits qu’elle vendait.

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