15/06/2009

EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Nous étions prêts à partir, à quitter ces lieux et les rendre à leur grand silence. Seule une tempête pourrait les en faire sortir, faire chanter les grains de sable. Le temps était venu de la dernière photo. Nous avons voulu, Denise, ma compagne de "toutes ces nuits", de tous ces jours, et moi rendre hommage à ce Désert Blanc auquel nous avions rêvé.

Le pouvoir d’évocation de ces successions éparpillées de champignons de craie, de ces volatiles de tailles et de formes si différentes, était surprenant. De là où je me tenais, je les observais tendre « leurs visages" vers un soleil matinal.


Le 4x4 attendait solitaire, garé devant une sculpture d’un blanc immaculé, lumineux, presque insoutenable. Le désert s’éveillait avec force et lenteur où la vue portait au loin en une ligne d'horizon crémeuse. Des rumeurs me parvinrent, elles venaient du campement dont je m’étais éloignée. Notre équipe préparait le petit déjeuner, à l’abri des tentures multicolores tendues entre nos véhicules.

Combien de couchers de soleil auxquels nous avions assisté, émerveillés devant ce brûlant pourvoyeur ivre de couleurs et de lumières, qui multipliait à l’infini son insolente gloire. Mais ce soir où nous étions au cœur du Désert Blanc et profitions des dernières lueurs d’un jour qui s’achevait, la lune en son lever nous offrait un spectacle incomparable qui touchait à l’infini. Instant fragile où un humble Pierrot poète aurait pu se recueillir pour entendre les secrets de "Madame la Lune," coquette souveraine toute de soie vêtue.

Ces paysages étaient superbes, étranges, ils nous enveloppaient peu à peu et tandis que nous roulions, chacun se prenait à rêver et chacun a les rêves qu’il peut ! A l’arrière quelqu’une se mit à rêver tout haut, ivresse passagère, savoureux mirage,
- C’est Pâques et je vous assure que je tremperais bien ma cuillère dans ces îles flottantes !
Tout d’abord nous avons ri aux éclats. Mais elle n’avait pas tort, cela pouvait ressembler à des merveilles pâtissières, capables de contenter le pantagruélique appétit d’un géant des sables. Les gourmands ne manquent pas d’imagination.


Tout au long de ce jour, un jeudi saint, nous avions traversé d’immenses dunes, la Montagne de Cristal, des chemins de sable doré, des pistes caillouteuses, puis avions atteint au Désert Noir, collines de basalte, dunes coiffées de taches noires. Après avoir franchi la passe d’Al Sillim, ce fut une descente dans le sable mou, où, chacun à leur tour, vinrent se ranger nos 4x4. Il fallait avant tout éviter qu’ils ne s’ensablent. Devant était la beauté en une « offrande naturelle », des sentinelles aux formes étranges se dressaient loin à l’horizon, sédiments lacustres de carbonate, cônes sculptés par le vent, grès et calcaire intimement unis. Nous nous enfoncions dans ce sable avec délice, comme dans la poudreuse. Nous savions qu’au soir nous bivouaquerions dans ce décor au charme lunaire, semblable à Tatooïne, cette autre planète surgie d’une galaxie de « Star Wars ».

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