28/11/2009

RETOUR EN EGYPTE INSOLITE ET INTIME

Nous avons marché jusqu'au petit souk de l'entrée. Abou Simbel est en terre nubienne et ce fut ma rencontre avec l'un d'eux... très charmant...
- Ce n'est pas comme ça qu'il se porte, vous permettez ? Il parlait un excellent français.
A gestes lents, il m'ôta le foulard blanc égyptien que je portais sur mes épaules. Il le plia en une coiffe très seyante et me le posa sur les cheveux avec un grand sourire. Je me souviens aujourd'hui encore de l'élégance de ses gestes.

Le temple de Néfertari, ou petit temple, est situé au nord du grand temple. Comme le temple de Ramsès, il fut creusé dans la roche où six niches abritent six statues debout. Elles symbolisent Ramsès et Néfertari accompagnés de leurs enfants. La grande épouse royale, contrairement à la tradition, fut représentée à taille égale à celle de Pharaon. J'ai marché doucement, tête et regard levés vers ces visages dont nous avions appris longuement les noms, les rôles, les motifs porteurs de sens... J'ai visité Néfertari en sa demeure, "la belle des plus belles", me suis attardée, car ce serait notre seule et unique rencontre, je le savais.

En basse Nubie, au nord de la frontière entre le Soudan et l'Egypte, ces deux temples ont été taillés dans le roche d'Ibsambul, falaises de grès le long du Nil, devenu Abou Simbel. Creusé dans la montagne, le grand temple s'enfonce jusqu'au saint des saints, "spéos", symbole des origines de la création. Assis côte à côte les dieux Ptah, Amon, Ramsès et Horakhty. Ainsi Ramsès se voulut-il dieu à l'égal des dieux !

Prendre la pose "s'imposait", mais nous ne serions que petits cailloux vite balayés par le vent de l'histoire, par le vent du désert.

Il faisait très chaud, chapeaux, casquettes, foulards s'imposaient, la visite serait longue. Nous nous sommes engagés sur le chemin qui menait aux temples, celui de Ramsès et celui de la grande épouse royale, Néfertari. Je marchais, j'attendais, tout à coup quelqu'un a dit
- le choc c'est après le dernier virage
Alors j'ai allongé le pas, dépassé ceux qui marchaient devant moi, et je les ai vus. Immenses, puissants, immobiles, leurs regards fixés loin, très loin, images de pierre, images d'éternité dont il me semblait que les cœurs battaient toujours. Quatre colosses assis, quatre fois le pharaon en divinité. A ses pieds, minuscules, Néfertari et leurs enfants. J'ai franchi le seuil de la porte, tout à coup ils furent là, se regardant face à face, huit colosses de pierre, leurs yeux grands ouverts, cernés de sombre, yeux de verre. Leur conversation avait commencé depuis des siècles et ne s'achèveraient jamais, à moins qu'un fracas de la nature ne vienne les interrompre.

Dans les années 1950, les gouvernements égyptien et soviétique projetèrent la construction du grand barrage d'Assouan, menaçant d'engloutir les deux temples d'Abou Simbel dans les eaux du lac Nasser. Il était impossible de laisser se perpétrer un tel outrage .
Sous l'égide de l'Unesco, le sauvetage des temples d'Abou Simbel, qui dura quatre ans et demi, fut planifié. Ingénieurs et artisans unirent leur savoir et leurs bras pour découper les temples, à la scie manuelle, en 1042 blocs, alors que les eaux du Nil léchaient déjà les pieds des statues. Sauvé des eaux, plus haut de 64 m, Abou Simbel fut à nouveau prêt à recevoir ses visiteurs en septembre 1968.

Les sons et lumières furent grandioses, si beaux, si forts, à l'image des hôtes de ces lieux de mémoire. A l'entrée, il y avait foule, ce soir le spectacle serait donné en espagnol. Chaque soir, une langue différente, et pour ceux qui ne comprenaient pas des casques permettraient de suivre la grande histoire. Les deux temples étaient illuminés, comme si le soleil caressait encore la pierre chaude, tandis que nous prenions place sur les gradins de pierre. La musique fut ce support émotionnel qui transperçait le silence des siècles.

C'est en convoi que nous sommes partis pour Abou Simbel. Le point de rencontre était entouré d'une barrière gardé par l'armée "fusils aux poings". Nous sommes montés à bord de notre car et sous chaque siège se trouvaient les paniers repas. Tout au long de la route je sentais l'impatience me gagner. Enfin arrivés, Soliman nous a distribué nos billets d'entrée, aussi beaux que tous les autres, sur papier glacé.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello Micheline, c'est impressionnant! Quels volumes! Mais qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur?

Anonyme a dit…

PS: message de Silvana

mamiaorana a dit…

Pour toi Silvana, ravie de ta visite. Repasse par là dans quelques jours, tu auras la réponse à ta question. Les textes sont en cours d'écriture, promis. Ensuite,je vous emmènerai dans les Petites Îles Oubliées de l'Indonésie. A bientôt. Micheline