Nous naviguions vers Djebel Silsileh, puis nous accosterions pour la nuit à Maniha. Il s'était approché de La Jasmine, son filet encore sec rangé à l'avant de la barque. Il partait pêcher. Il me sembla que ses rames étaient immenses pour que ses bras puissent les manœuvrer. Mais son énergie, son courage, l'aideraient à prendre le large, le produit de sa pêche était attendu, espéré.
Après avoir longé l'imposante enceinte de brique crue qui cernait El Kaab, nous avons enjambé les rails d'un chemin de fer et poursuivi notre marche à travers buissons épineux, pierres et poussière, jusqu'au grand escalier qui menait aux tombeaux.
Je fus la dernière à regagner la place du village, je m'étais attardée. Je venais de voir sortir d'une maison, qui avait dû avoir ses heures de gloire, un homme pressé. Il fut immédiatement suivi par deux gamins dont l'un, en bondissant, faillit bien rater son virage et se retrouver le nez dans la poussière et la paille du chemin.
Était-ce leur maison ou juste un endroit ou ils exerçaient un petit commerce de briques crues ? Le déséquilibre du chambranle de la porte était flagrant. Il encadrait pourtant dignement des murs inégaux et épais, au crépi effrité. Ils nous ont regardé passer et nous éloigner, fugace rencontre entre deux mondes.
Hommes et animaux se partageaient l'espace sur le fleuve. Tout près des maisons de pierres, stricts cubes percés de fenêtres, de minuscules étables étaient accotées. Et montait aux narines des hommes l'odeur aigre du fourrage humide. La paille jonchait le sol en couche épaisse et il n'y avait qu'un pas pour qu'ils puissent étancher leur soif.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire