Dans la chambre des femmes au bout d'un couloir, je l'observais penchée sur les bras qui défilaient chacun leur tour, où de sa main habile elle traçait le dessin. A force de concentration je la sentais s'épuiser au fil de temps qui s 'écoulait, je voyais les gouttes de sueur perler à son front. Dans la maison fraîche, les autres femmes avec les enfant nous avaient rejointes. C'était émouvant de nous mêler à leur monde. Soliman me persuada que pour elles il en fut tout autant.
Soliman nous avait conduits dans une maison où quatre familles vivaient ensemble, de façon plus aisée, nous sembla-t-il, que celles que nous avions pu croiser dans le village. Sans doute parce qu'elles recevaient les voyageurs, leurs servaient le thé, proposaient aux femmes des tatouages au henné. Gracieuse était la toute petite fille, aux joues rebondies, aux boucles serrées, dans les bras de sa mère.
Le village d'El Ramady était vaste et situé sur une Île du même nom, niché dans des plantations de cannes à sucre et de bananiers. Ses maisons attiraient l'attention par leurs couleurs vives, par les inscriptions peintes sur les murs. Ici, curieusement, la pertinence des couleurs ne heurtait pas notre sens de l'esthétique. Les portes à doubles battants étaient encore closes. Derrière les murs épais, parfois un peu de guingois des maisons, leurs occupants se reposaient encore.
Ce matin là nous nous étions levés tôt. Descendus de La Jasmine, c'est par un chemin de terre que nous avons tout d'abord longé une forêt odorante de bananiers aux feuilles vernissées. La fleur délicate était gracieusement suspendue, comme un lampion, à l'extrémité du régime de bananes encore vertes.
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